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Le guide complet des onomatopées

Qu’est-ce qu’une onomatopée ?

Une onomatopée est un mot employé pour traduire un son évoquant la réalité qu’il désigne. 

Étymologiquement, le mot onomatopée, provenant du grec onomatopiia, est composé de onoma pour « le mot », et poiia pour « la création ». Il s’agit donc littéralement d’une création de mot. 

Très utilisées par les auteurs de bandes dessinées, les onomatopées tentent d’illustrer les actions sonores en les reproduisant à l’écrit. Il peut s’agir des bruits particuliers de la vie courante, telle une porte qui grince, ou des cris d’animaux.

Par exemple, pour imiter un éternuement, l’auteur écrit « Atchoum ». Pour caractériser le téléphone qui sonne, il écrit « driiing ». Ou encore « glou-glou » pour désigner quelqu’un qui boit.

Les types d’onomatopées sont multiples et diffèrent d’une langue à l’autre. Les mots inventés imitent des sons pouvant aller du cri d’animal au bruit que font une personne ou une chose, certains de ces mots étant admis dans le dictionnaire.

Elles peuvent même être parfois à l’origine de verbes ou de noms communs comme le verbe blablater, dérivé de blabla ou le verbe glouglouter signifiant « produire un glouglou ».

Les romans qui contiennent des onomatopées expressives sont moins nombreux que les bandes dessinées. Nous pouvons citer Guignol’s Band de Louis-Ferdinand Céline, qui propose un enchaînement de ces mots, animant les premières pages du roman. Voici quelques extraits :

Braoum ! Vraoum !… C’est le grand décombre !… Toute la rue qui s’effondre au bord de l’eau ! […]

Nous voici hissés en triomphe !… L’escalade par-dessus les têtes ! là-haut tout juchés sur la foule… Brouang !… Valmg ! Undurbrelan ! C’est la culbute ! […]

Et broum !  et tzimm ! et sainte Marie ! et morte et morte ! dans la Musette aux Ouragans !… Tenez ! … Tenez ! … pas d’importance ! Le monde là même s’est retourné, vieux parapluie tout fourbu mou ! … Il a vogué dans les cyclones ! … Tant pis pour lui ! … Wrroub ! … Et Bing ! … Braoum ! … Je l’ai vu passer sur le Grand Hôtel ! Il filait bien ! Je l’ai vu qui voguait… balançait tout là-haut … follet dans les nuages ! … Le pébroc et l’archipont ! ils virevolaient dans la bourrasque… ensemble ! entre les avions massacreurs, purulents, giclant la mitraille … Vraap ! … Hua ! … Wraago ! … Hua ! … Wroong ! … Voilà le bruit à peu près que donne une vraie torpille en fusion … la plus énorme ! … Au cœur d’un volcan noir et vert !

Céline, Guignol’s band I

La littérature dédiée à la jeunesse emploie des onomatopées aidant les jeunes lecteurs à se représenter la scène. Couic-Couic, par exemple, mot présent dans de nombreux livres pour enfants, imite le bruit que fait le jouet d’un animal. Poésies, comptines ou autres récits prennent vie grâce aux onomatopées. Exemple avec la comptine Toc Toc, frappons à la porte, créée pour Halloween.

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Toc, toc, frappons à la porte
De toutes les maisons
Mais faites attention !
La vieille sorcière Grignotte
Se cache quelque part
Avec son chat noir.
Nez crochu, chapeau pointu,
Elle se cache,
Où l’as-tu vue?
Chauve-souris et Mistigris,
C’est la ronde de la nuit.

Dans ce contexte, l’onomatopée apparaît comme un jeu, où les mots animent les textes des auteurs. La création de ces mots innovants a également inspiré des artistes tels que Serge Gainsbourg, auteur de ce célèbre morceau qu’il a interprété avec Brigitte Bardot :


Viens petite fille dans mon comic strip

Viens faire des bulles, viens faire des WIP !

Des CLIP ! CRAP ! des BANG ! des VLOP et des ZIP !

SHEBAM ! POW ! BLOP ! WIZZZZZ !

Serge Gainsbourg, Comic Strip

Onomatopée et interjection : quelle différence ?

Dans la langue française, le statut linguistique de l’onomatopée questionne et les grammairiens ne sont pas toujours en accord sur le sujet. Les onomatopées appartiennent à la même catégorie grammaticale que l’interjection, au même titre qu’un nom commun, un verbe, un adverbe… 

L’onomatopée est une forme d’interjection dans le sens où il s’agit de mots courts et invariables. Cependant, il ne faut pas les confondre.

Présentée sous forme de mot-phrase, l’interjection est un mot invariable qui s’intègre dans un dialogue ou un récit, sous la forme d’une exclamation ou d’une interrogation, pour exprimer un sentiment ou une émotion, transmettre un ordre ou demander une information. Et ce, sans imiter de bruit en particulier. 

Quelques exemples d’interjections :

  • L’interjection « Hélas » employé dans le monologue désespéré d’Harpagon met en évidence un sentiment de douleur ou de regret.

 Ah ! c’est moi ! Mon esprit est troublé, et j’ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas ! mon pauvre argent ! mon pauvre argent !

L’avare, Molière
  • L’interjection « ô » est souvent employée en littérature, notamment au théâtre par les héros tragiques pour exprimer une plainte ou des interrogations.

SCAPIN, feignant de ne pas voir Géronte. Ô Ciel ! ô disgrâce imprévue ! ô misérable père ! Pauvre Géronte, que feras-tu ?

Molière, Les fourberies de Scapin
  • « Zut » est une interjection souvent utilisé dans le langage courant pour exprimer la déception, le dépit ou le mécontentement.

Vite un nuage de poudre. Dans sa hâte elle renversa à moitié son poudrier sur ses épaules et son sac à main. Zut, zut et zut !

Jean-Marie Dunoyer, La bicyclette

D’autres interjections, prononcées dans le langage courant, donnent du relief au discours selon le ressenti de celui qui les prononce : Oh là là !  Ouf ! Ah bon ! Ah oui ! Chut ! Bravo ! Hein ? … Les interjections peuvent être des noms, adjectifs, adverbes ou verbes à l’impératif (Allons ! Voyons !)

Les onomatopées, quant à elles, sont considérées comme des interjections particulières car ce sont des mots inventés qui imitent les sons et les mouvements, comme « plouf » ou « Pfffft ». Contrairement aux onomatopées, les interjections ou locutions interjectives (formées à partir de groupes de mots) sont toujours suivies d’un point d’exclamation ou d’interrogation.

L’orthographe des onomatopées

L’onomatopée est un mot invariable. Désignant une création de mots, il est normal de s’interroger sur l’orthographe des onomatopées. Même si de nombreux mots ne répondent pas à une orthographe particulière, certains font partie du dictionnaire et quelques difficultés subsistent sur des formulations courantes. En voici quelques exemples :

Coin-coin ou coincoin ?

Cette onomatopée, qui imite le cri du canard, est-elle un nom composé, c’est-à-dire, auquel on insère un trait d’union entre les deux termes identiques ? L’orthographe traditionnelle nécessite un trait d’union entre les deux termes (coin-coin) mais les rectifications orthographiques de 1990 acceptent l’usage de coincoin.

Elle faisait de grands signes à une bande de gosses qui traversaient la voie au lieu de prendre la passerelle. Ils rigolaient bien, les gosses, de la voir arriver comme ça. Ils faisaient coin-coincoin-coin. coincoin. et se dandinaient comme elle.

Frédéric Castaing, – Ça va ? – Ça va ?

Ah ah ah ou Ha ha ha ?

Voici une question qui revient régulièrement : faut-il écrire le « h » en début de mot ou en fin de mot ? Les deux orthographes sont correctes, tout dépend du sens que l’on veut donner à la phrase. Si vous souhaitez imiter une personne qui rit franchement, on utilisera « Ha ha ha ! ». Si au contraire, le but est d’illustrer l’étonnement, l’orthographe « Ah ah ah ! » sera de rigueur.

L’effet Waouh !

Le mot waouh vient du verbe anglais to wow signifiant « épater », d’où l’expression l’effet waouh. On rencontre plusieurs orthographes pour l’onomatopée waouh : wahou, whaou, wow, ouahou… « Waouh » est la forme préconisée par le dictionnaire.

Maintenant, il arrache sa chemise et court piquer une tête dans le lac. Il crie waouh, que c’est glacé, mais il s’en fiche, il ne craint plus la mort. Il nage.

Sébastien Japrisot, Un long dimanche de fiançailles

Exemples d’onomatopées

Nous avons sélectionné dans notre liste complète des onomatopées en français quelques onomatopées avec leur signification, complétées par des extraits littéraires.

  • Bzzz représente le bourdonnement des insectes, il s’agit d’ailleurs du nom d’une mouche dans la série Les Schtroumpfs, qui a le don de transformer les petits personnages bleus en Schtroumpfs noirs.

On reste là assis à croupetons à se regarder les uns les autres, moi d’un côté de mon oncle Sagamore et Pop de l’autre, avec les deux hommes au shérif en face de nous sur le haut des marches. La bestiole recommence son bzzz bzzz dans les arbres.

Charles Williams, Fantasia chez les ploucs
  • Tic-Tac désigne le bruit d’une horloge ou d’un mécanisme identique. 

Malgré le vacarme de la D.C.A., il entendit nettement le tic tac des secondes. C’était un petit bruit amical et familier qui lui parvenait de très loin, une infinie petite pulsation qui lui disait que la vie du monde n’était pas morte, que les heures, quelque part, continuaient à couler, que l’espoir continuait à vivre.

Robert Merle, Week’end à Zuydcoote
  • Snif caractérise la tristesse en imitant le bruit d’un reniflement.

Elle avait beaucoup souffert ? Pauvre chatte, va la souffrance d’une ennemie de classe, comme c’était triste, comme c’était pathétique, snifsnif. Le monde était bourré à craquer de gens qui avaient souffert.

Revue Les Temps modernes
  • Ronron imite un ronflement sourd et continu, rappelant le ronronnement du chat.

Elle sanglotait, le visage caché dans les coussins, et je lui jetais des mots dépourvus de sens seulement pour entendre le ronron de ma voix. « Tu guériras, il faut guérir. L’amour n’est pas tout. »

Simone de Beauvoir, Les Mandarins
  • Vroum est le bruit d’un moteur qui accélère.

J’étais dans le terrain vague avec les copains Eudes, Geoffroy, Alceste, Agnan, Rufus, Clotaire, Maixent et Joachim. (…) Il est terrible il y a des boîtes de conserve, des pierres, des chats, des bouts de bois et une auto. Une auto qui n’a pas de roues, mais avec laquelle on rigole bien on fait « vroum vroum », on joue à l’autobus, à l’avion c’est formidable.

René Goscinny, Les Récrés du petit Nicolas
  • Glouglou est associé au bruit d’un liquide qui coule, à quelqu’un qui boit ou qui se noie, mais aussi au cri du dindon ou de la dinde.

Tout se noyait dans un murmure. Le collégien décontenancé, aveugle, s’accrocha au glouglou du ruisseau, dernière certitude au milieu de la déroute des ombres. L’eau clapotait, allait à petits coups de langue.

Gaston Bonheur, Les Garçons

Certains auteurs enchaînent les onomatopées dans leurs récits :

Boum Boum Boum Crac, crac, crac Pouf ! » On dirait qu’un tas de guerriers arrive. Le tuundye ne peut pas ne pas entendre le ramdam qu’ils font. Il tend l’oreille. Il se dit que ce doit être un genre de grosse armée qui arrive. Mais il ne peut rien voir. 

Dominique Legros, L’Histoire du corbeau et Monsieur Mc Guinty

Premier tableau ceux de ton père et les miens, nos bruits répercutés par un talus, nous y vivions, dormions, dans ce tambour, comme au grand jour, qui laissait passer notre vie à travers des planches pourries où passaient nos sons, nos bruits, nos voix, du tonnerre la cabane ! Et boum ! Et. Vlan ! Et clac ! Zim Boum, boum Pan ici, pan là-bas ! Kgri. Kriii. Krâââ. Boum encore ! à travers les planches de la cabane !

Jean Genet, Les Paravents

Pour aller plus loin, nous vous proposons un quiz pour tester vos connaissances sur l’orthographe des mots qui font du bruit.

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Natacha Lovato

Natacha Lovato

Natacha Lovato rédige pour La langue française des articles autour de la linguistique, la littérature et les expressions. Passionnée par la langue française, elle s'est aujourd'hui spécialisée dans la communication écrite afin de transmettre ses connaissances. Elle est aussi gérante d'un organisme de formation dédié à la communication écrite, et accompagne les adultes pour des remises à niveaux en français afin de perfectionner leurs écrits professionnels.

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