La langue française

Accueil > Littérature > Alphonse de Lamartine > Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques : Élégie

Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques : Élégie

Méditations Poértiques Alphonse de Lamartine

Méditations poétiques est le premier recueil de poèmes d'Alphonse de Lamartine, publié en 1820. La première édition comportait 24 poèmes. D'autres éditions suivirent ; celle de 1849 comportait alors 41 poèmes. Ce recueil marque l'aboutissement d'un courant de poésie élégiaque caractérisé par de nombreuses allusions mythologiques, une tonalité exclamative, des interrogations ainsi qu'une abondance de périphrases poétiques.

Pour citer l'œuvre : Œuvres complètes de Lamartine Chez l’auteur, 1860, 1 (p. 387-388).

ONZIÈME

MÉDITATION



ÉLÉGIE



Cueillons, cueillons la rose au matin de la vie ;
Des rapides printemps respire au moins les fleurs ;
Aux chastes voluptés abandonnons nos cœurs ;
Aimons-nous sans mesure, ô mon unique amie !
Quand le nocher battu par les flots irrités
Voit son fragile esquif menacé du naufrage,
Il tourne ses regards aux bords qu’il a quittés,
Et regrette trop tard les loisirs du rivage.
Ah ! qu’il voudrait alors, au toit de ses aïeux,
Près des objets chéris présents à sa mémoire,
Coulant des jours obscurs, sans périls et sans gloire,
N’avoir jamais laissé son pays ni ses dieux !

Ainsi l’homme, courbé sous le poids des années,
Pleure son doux printemps, qui ne peut revenir.
« Ah ! rendez-moi, dit-il, ces heures profanées !
» Ô dieux ! dans leur saison j’oubliai d’en jouir. »
Il dit : la mort répond ; et ces dieux qu’il implore,
Le poussant au tombeau sans se laisser fléchir,
Ne lui permettent pas de se baisser encore
Pour ramasser ces fleurs qu’il n’a pas su cueillir.


Aimons-nous, ô ma bien-aimée !

Et rions des soucis qui bercent les mortels.
Pour le frivole appât d’une vaine fumée,
La moitié de leurs jours, hélas ! est consumée

Dans l’abandon des biens réels.


À leur stérile orgueil ne portons point envie ;
Laissons le long espoir aux maîtres des humains !

Pour nous, de notre heure incertains,

Hâtons-nous d’épuiser la coupe de la vie

Pendant qu’elle est entre nos mains.

Soit que le laurier nous couronne,

Et qu’aux fastes sanglants de l’altière Bellone
Sur le marbre ou l’airain on inscrive nos noms ;
Soit que des simples fleurs que la beauté moissonne

L’amour pare nos humbles fronts,

Nous allons échouer, tous, au même rivage.

Qu’importe, au moment du naufrage,

Sur un vaisseau fameux d’avoir fendu les airs,

Ou sur une barque légère
D’avoir, passager solitaire,

Rasé timidement le rivage des mers ?




Commentaire de texte d'Alphonse de Lamartine : Élégie

Pas de commentaire de texte pour le moment.

L'auteur : Alphonse de Lamartine

Lamartine

Alphonse de Lamartine (1790-1869) est un poète, romancier, dramaturge français, ainsi qu'une personnalité politique qui participa à la Révolution de février 1848 et proclama la Deuxième République. Il est l'une des grandes figures du romantisme en France.

Partager :
ou Nous soutenir

Recevez tous les articles de la semaine par courriel

Inscrivez-vous à notre lettre d'information hebdomadaire pour recevoir tous nos nouveaux articles, gratuitement. Vous pouvez vous désabonner à tout moment.

Laisser un commentaire

Vous devez vous connecter pour écrire un commentaire.

Se connecter S'inscrire